Cadre d'analyse
Les déterminants de la motivation
Selon Rolland Viau
Rolland Viau est un chercheur et un professeur pour l'Université de Sherbrook à la faculté d'éducation. Il se spécialise dans l'importance de la motivation et entre autres sur la motivation scolaire en lien avec les activités faites en classe. Ce dernier démontre que la motivation joue un rôle majeur lorsqu'il s'agit d'acquisition de connaissances et d'apprentissage.
Dans son livre, "La motivation en contexte scolaire", Viau (1994) propose la définition suivante :
« La motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d’atteindre un but. » (Viau, R. (1994). La motivation en contexte scolaire. Québec : Les Éditions du Renouveau Pédagogique Inc)
Viau propose 4 indicateurs à prendre en compte afin de déterminer si nos élèves sont motivés ou non dans notre classe.
Le choix de s'engager : déploiement de stratégies d'apprentissage de façon autonome.
La persévérance : temps investi aux devoirs, aux travaux, etc.
L’engagement : attention et participation aux activités de la classe.
La performance : la motivation peut apporter une meilleure performance.
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Sachant cela, il faut donc mettre en place des activités intéressantes et motivantes pour les élèves ! Mais comment faire? Le cadre d'analyse ici présent a pour but de vous proposer la source de la motivation scolaire afin de créer des contextes les plus motivants possible !
M. Rolland Viau

La contrôlabilité
Ce facteur est le degré de contrôle que l’élève a sur son processus d’apprentissage, c'est-à-dire les travaux scolaires et les résultats de celui-ci. Selon Rolland Viau, cela fait partie des principales conséquences de la motivation. Le choix que l’enfant fait de s’engager cognitivement dans l’activité, sa persévérance et sa performance sont en lien direct avec sa réussite. Plusieurs aspects peuvent être touchés par la contrôlabilité. Parmi ceux-ci, le thème de travail, le choix des œuvres à lire (parmi une liste de titres sélectionnés), le matériel, la désignation des membres de l’équipe, la durée du travail, le mode de présentation du travail ou le calendrier sont tous des éléments à tenir compte pour permettre à l’élève de se sentir en contrôle. En univers social, pour permettre une contrôlabilité suffisante, il est possible d’utiliser plusieurs stratégies.
Libre choix du projet
Premièrement, un travail qui peut être réalisé de plusieurs façons permet aux enfants d’utiliser une démarche personnelle pour atteindre l’objectif. L’élève se sent ainsi plus en contrôle et sent qu’il peut faire une différence dans le résultat final du projet. Il vaut mieux présenter plusieurs possibilités à l’enfant que de lui donner le champ complètement libre. Cela évitera de trop le déstabiliser. Pour développer une bonne motivation, le libre choix de projet est un élément important selon Thérèse Bouffard. Cependant, il ne faut pas oublier l’importance de l’enseignant dans le soutien de la tâche. Puisque l’enfant a choisi l’activité, il doit aussi en résulter un soutien personnalisé, du moins au début. Ce fut le cas pour l’activité « Création d’un ancêtre ». En effet, l’enfant décidait lui-même du métier et du style de vie de son ancêtre. L’enseignant a dû personnaliser chacune de ses interventions pour pouvoir retirer le maximum d’informations en rapport avec le guide de formation de l’école québécoise et ce pour chaque métier. Le projet est bâti pour offrir une liberté de décision aux élèves comme le montre les consignes de celui-ci. Ce fut le cas aussi pour l’activité du marché Jean-Talon. En effet, les enfants avaient une panoplie de sujets très hétéroclites. C’est pourquoi un guide de recherche à été créé pour aider l’élève à se diriger.
Choix de la formule de présentation
Une autre option soulevée par les auteurs pour motiver les enfants dans leurs apprentissages est le choix de la formule de présentation du résultat final. De cette façon, les élèves sont en contrôle du résultat et peuvent avoir une meilleure idée de ce que le projet va devenir. L’effet de contrôlabilité entre évidemment en ligne de compte. Dans les projets présentés sur ce site, le choix de formule de présentation a été appliqué pour le projet du marché Jean-Talon. En effet, la présentation orale du projet était laissée à la discrétion des enfants. Cela a donné beaucoup de résultats très variés telle une pièce de théâtre, une présentation en image et vidéo multimédia et des présentations avec PowerPoint. Les enfants ont pu amener des costumes où des éléments en rapport que leurs sujets.
Références :
Bouffard, Thérèse.(2007). http://www1.education.gouv.qc.ca/sections/prprs/pdf/prprsCcomplet.pdf consulté sur le web le 10 avril 2017
La signifiance
L’un des critères à tenir compte avant la présentation d’un travail aux enfants est la signifiance. Il faut que l’enfant trouve utile la tâche à faire pour que celui développe de l'intérêt. Cela permet de motiver l’enfant à s’appliquer au travail. En effet, selon Viau, cela fait partie des principales cause du manque de motivation. Un élève qui juge la tâche intéressante et utile verra automatiquement sa motivation augmenter. C’est pourquoi il est très pertinent de tenir compte des thèmes qui intéressent les élèves avant d’arrêter son choix sur une activité. Si le thème est apprécié des élèves, ils risquent de trouver la tâche intéressante. Une autre façon de rendre un exercice signifiant est de prendre le temps de justifier l’utilité de l’activité pour le cours ainsi que l’ensemble du programme de formation. Si l'enfant connait les bien fait que cette activité va lui apporte, il sera que l'activité est signifiante pour son parcours scolaire. Ce sont des façons pour un professeur de donner du sens à une activité.
Le quotidien des élèves
En univers social, il est intéressant de se fier à la réalité des enfants pour rendre la tâche signifiante. Ce fût le cas dans l’activité du marché Jean-Talon. Les enfants trouvaient la tâche signifiante, car le sujet était un lieu très familier. En effet, le marché Jean-Talon se trouve juste à côté de leur école et fait partie de leur quotidien. C'est un lieu qui a toujours fait partie de leur vie, mais sur lequel ils peuvent encore apprendre énormément. La proximité du marché leur a permis d'aller visiter le lieu en vue du projet comme on peut le voir dans les photos. Dans la création de leurs ancêtres, malgré le fait que les enfants devaient inventer un métier fictif pour leurs ancêtres, l’activité se basait sur l’intérêt de l’élève ainsi que son nom de famille. Cette activité était ainsi signifiante pour eux. L'importance du quotidien est un argument appuyé par les propos d’Isabelle Lyonnet de l’académie de Lyon. Pour elle la perception de la tâche est primordiale dans la motivation scolaire. En effet, la motivation dépend du rapport à l’école (conception, intérêt, utilité) et peut varier selon le milieu familial de l’élève (rapport à l’école des parents). Si l’enfant sent que la tâche lui apportera personnellement, il sera plus enclin à mettre les efforts nécessaires.
L'utilisation des technologies
L'utilisation des technologies de l'information et des communications (TIC) n'est pas une méthode miracle qui mène vers la réussite des élèves. Par contre, Knoerr (2005) expose une importante étude de Grégoire, Bracewell & Laferrière (1996) qui constate «trois effets positifs des TIC sur la motivation à apprendre : le développement de diverses compétences intellectuelles; l’intérêt pour une activité d’apprentissage; et l’augmentation du temps et de l’attention consacrés à des activités d’apprentissage.» Dans les ateliers sur le Canada en 1820, les élèves ont clairement présenté un intérêt plus grand pour les ateliers utilisant les TIC lorsqu’ils ont fait l’évaluation de l’appréciation des ateliers. Cette même étude dit que les TIC « peuvent contribuer de plusieurs façons à améliorer l’acquisition de connaissances dans diverses matières d’enseignement et le développement des habiletés et des attitudes qui sont reliées à ces connaissances ». C’est en effet ce qui est arrivé lors des différents projets présentés ici. Les élèves ont acquis des connaissances liées à l’univers social puisqu’ils ont utilisé les TIC pour faire leurs recherches à partir de textes ou de vidéos. Ils ont aussi utilisé l’application Popplet pour faire des réseaux de concepts afin de faire des liens entre les connaissances apprises. Puis, ils ont aussi utilisé PowerPoint afin de rendre leurs présentations plus intéressantes.
Visite d'un expert
Une autre façon d’attiser la motivation des enfants est de faire venir en classe un expert. Cela a pour effet, d’amener un vent de fraîcheur dans la classe qui sera insufflé au projet et le sentiment que les élèves deviennent eux aussi des experts suite à cette rencontre. Les enfants se sentiront beaucoup plus compétent pour réaliser le projet. Dans le cas de nos projets, la visite d’un expert a été faite pour la réalisation des ateliers sur le Canada de 1820. Cette visite a amené les élèves a gagner beaucoup d’intérêt pour l'univers social. L'invité a amené les élèves à faire des jeux de rôle dans lesquels ils incarnaient différents personnages de l'époque. Selon Chantal Déry (2009), cela amène les enfants à verbaliser leur propre interprétation des connaissances et cela est favorable au transfert de leurs connaissances. On peut voir sur les photos la participation active des élèves durant cette partie du projet. Après cette visite, les élèves étaient emballés par la suite de l'activité et demandaient si l'animateur reviendrait.
Références :
Déry, Chantal dans Lebrun, Johanne et Araújo-Oliveira, Anderson. (2009). L'intervention éducative en sciences humaines au primaire, Chenelière Éducation, p. 174-176.
Knoerr, Hélène. (2005). TIC et motivation en apprentissage/enseignement des langues. Une perspective canadienne. http://apliut.revues.org/2889 consulté sur le web le 10 avril 2017.
Lyonnet, Isabelle. (2012). Les facteurs de la motivation scolaire : Eclairage théorique, https://www2.ac-lyon.fr/enseigne/eps/IMG/pdf/Les_facteurs_de_la_motivation_scolaire-_Eclairage_th-orique_annexe_5.pdf, consulté sur le web le 10 avril 2017
La perception de la compétence
Un des déterminants de la motivation scolaire de Viau est la perception de la compétence face à la tâche. Cette perception est celle que les élèves ont d’eux-mêmes face à leur capacité à atteindre un objectif précis qui leur parait complexe. Viau précise que «la perception de la compétence n’est pas synonyme d’estime de soi. La première est spécifique à une activité ou à une matière, alors que la deuxième est un jugement général qu’une personne porte sur elle-même. » (Viau, 2004). Il ajoute que le type de tâche que l’on propose aux enfants peut influencer la perception de leur compétence à l'accomplir. Les prochains paragraphes illustreront des stratégies qui peuvent aider à augmenter la perception de compétence des élèves.
Présentation devant un public
Tout d’abord, lorsqu’on présente un projet aux élèves, ils sont souvent emballés à l’idée de présenter leur production à leur collègue ou à leur famille. Selon Bordeleau et Bouffard (1999), les renforcements sociaux influencent le jugement que les élèves ont sur leur perception de compétence. Avoir la chance de présenter leurs réalisations influencera donc leur façon de voir leur degré de compétence car les commentaires et réactions du public serviront de renforcements sociaux. Dans deux de nos projets, soient « Le marché Jean-Talon » et « Création de nos ancêtres », les élèves ont eu la chance de présenter leur projet à la classe ou à leurs parents. Ces deux groupes étaient grandement motivés parce qu’ils voulaient se montrer à la hauteur devant leur futur public. Avoir le rôle de spécialiste de notre sujet lors de présentation pousse l’élève à travailler pour plaire au public. Les élèves étaient enthousiastes et avaient hâte de travailler sur leurs projets afin d’être à la hauteur pour leur futur public.
Les ateliers d'apprentissage
Ensuite, le travail en ateliers peut aussi influencer le sentiment de compétence des élèves. Les ateliers valorisent beaucoup l’autonomie de l’élève qui apprend à se mettre à la tâche et à suivre des consignes sans que l’enseignant soit toujours en train de le guider. (Boutet, 2015). L’autonomie est aussi liée à la perception de la compétence des élèves. Viau (2004) explique que le développement de l’autonomie est un élément qui doit être pris en compte lorsque l’on évalue les composantes d’une activité qui suscite la motivation chez les élèves. Dans le projet « Le Canada en 1820 », les élèves ont travaillé en ateliers une grande partie du temps. On peut voir avec ces grilles d’observation que les élèves ont gagné en autonomie entre la première et la dernière période d’ateliers.
Les rétroactions fréquentes
Aussi, les rétroactions fréquentes peuvent permettent aux élèves de s’engager davantage dans leurs travaux. La rétroaction est même un des facteurs de réussite les plus influents (Sénécal, 2016). Au primaire, les rétroactions régulières font parties des mesures qui contribuent au progrès des élèves (Lefrançois, 2005). La rétroaction permet aux élèves d’avancer vers l’objectif fixé tout en étant guider par l’enseignant. Les ateliers permettent à l’enseignant d’offrir des rétroactions fréquentes et individualisées, ce qui amènent les élèves vers la réussite. Ce fut le cas pour l’évaluation suivant les ateliers du projet « Le Canada en 1820 » si on se fie aux résultats des élèves. Ce projet a aussi permis aux élèves d’étudier sous forme de jeu questionnaire. Cela leur a permis d’avoir une rétroaction immédiate lorsqu’ils faisaient des erreurs puis cela permettait à l’enseignant d’expliquer les réponses et d’aider les élèves à retenir l’information en comprenant les concepts au lieu de les apprendre par cœur.
L'apprentissage coopératif
Finalement, l’apprentissage coopératif est aussi une stratégie qui permet d’augmenter le sentiment de compétence des élèves. Selon Coopersmith (1967), « c’est à travers l’interaction avec ses enseignants, pairs et parents que l’enfant prend conscience de sa valeur en tant que personne. » Lorsque l’enfant peut apporter quelque chose à une équipe, il voit son sentiment de compétence grandir et sera plus enclin à être motivés par la tâche. Le projet « Le Canada en 1820 » permettait aux élèves de travailler seul ou en équipe selon les ateliers. Par contre, on peut voir une nette préférence des élèves pour les ateliers où ils étaient en équipe lorsqu’on observe les évaluations d’appréciation des ateliers.
Conclusion
Pourquoi prendre en considération ces facteurs? Parce que les élèves ont besoin d'avoir une source de motivation à l'école. Voici quelques solutions apportées par les élèves, qui se rapprochent étrangement de ce que nous parle Mr. Viau.
Les élèves proposent comme remèdes à l’ennui, par ordre d'importance : avoir des professeurs plus passionnés ; avoir des professeurs qui aident et encouragent ; introduire les technologies nouvelles ; articuler les enseignements aux problèmes de la vie pratique ; travailler davantage sur l’actualité ; utiliser l’interdisciplinarité ; faire des visites, des stages, des séjours à l’étranger ; multiplier les travaux de groupes ; réduire les effectifs et la durée des cours. (Meirieu)
Références :
Bordeleau Luce, Bouffard Thérèse. (2009). Perceptions de compétence et rendement scolaire en première année de primaire. In: Enfance, tome 52, n°4, pp. 379-395;
Boutet, Julie. (2015). conseillère pédagogique. Conférence sur les ateliers d’apprentissage, cours de gestion, Université Laval
Coopersmith, S. (1967 ). The antecedents of self-esteem, San Francisco, W. H. Freeman.
Giroux, Maryse et Vezeau, Nathalie. Atelier « L’estime de Soi, la base de la motivation scolaire. » Apports de pistes et de conseils en références de Coopersmith (1967)/ Darveau , Paul et Viau (1997)/ Duclos (1997 et 2000)
Lefrançois, Pascale et al. (2005). Évaluation de l’efficacité des mesures visant l’amélioration du français écrit du primaire à l’université, Université de Montréal, 515 pages.
Sénécal, Isabelle. (2016). Comment donner une rétroaction efficace aux étudiants. http://www.profweb.ca/publications/articles/comment-donner-une-retroaction-efficace-aux-etudiants, consulté sur le web le 10 avril 2017.
Philippe Meirieu, «De l’ennui en pédagogie», (2015), http://www.meirieu.com/ARTICLES/ennui.pdf, consulté sur le web le 12 avril 2017.
Viau, Rolland. (2011), La motivation : condition au plaisir d’apprendre et d’enseigner
en contexte scolaire, https://projetadef.files.wordpress.com/2011/12/la_motivation.pdf, consulté sur le web le 10 avril 2017.